Télékinésie | Présence: 64% | Contrôle : Bon
Linguisme | Présence: 21% | Contrôle : Nul
Apprentissage accéléré | Présence: 75% | Contrôle : Bon
Résistance | Présence: 52% | Contrôle : Moyen
Perception | Présence: 82% | Contrôle : Très bon
Vision améliorée | Présence: 64% | Contrôle : Bon
Empathie | Présence: 87% | Contrôle : Très bon

Nécromancie. Comme l'ombre qui court dans les veines, et qui emplit tout l'horizon. Dans les souterrains, il y a l'odeur de la mort et du désespoir. Et il se souvient que son pouvoir a rampé sous sa peau, comme une maladie. Une maladie qu'il aurait attendue depuis l'aube de la vie. Ce pouvoir de ramener les morts et de s'octroyer leur esprit, celui de croire en une armée décharnée pour asseoir un règne obscur qu'il comprenait alors fort mal. La nécromancie est l'héritage de ses ancêtres, de ce père qui se meurt et qui pourtant ne déchire pas le voile qui le sépare de l'au-delà. Aaron a ressenti dès ses 6 ans, l'appel glacé de ce don, et depuis, la frontière n'est plus claire, entre ce qui doit mourir et ce qui pourrait survivre. L'on peut vite se griser à l'idée de trier ceux qu'il faudra tuer pour que la majorité puisse s'affranchir du joug de la peur. Et dans les ombres, c'est lui qui l'inspire et la distille, cette peur pouvoir aux relents de solitude. 

Spiritisme. Le voile ténu se déchire, l’héritage en fait une sorte de passage obligatoire, que son père lui murmurait comme une comptine entêtante. Tu les verras un jour, et tu n’auras pas peur d’être l’interface, toi qui seras en vie encore longtemps, et eux qui seront morts. Et lorsque le temps viendra pour moi de m’éteindre à mon tour, tu me verras alors une toute dernière fois. Aaron n’a pas encore vu son géniteur étreindre l’au-delà, passer de la matérialité au trépas, mais les morts revêtent ses ombres, une compagnie qui pour un petit garçon était jadis effrayante, qui aujourd’hui est un quotidien. Être à ce point de jonction ne l’effraie plus, quand autrefois il s’efforçait de ne jamais trembler, pour ne pas décevoir Horatio, son père.

Psychopompe. Parce que les voir ne suffisait pas, il fallait accompagner les âmes dans l’au-delà, devenir l’ancre et le guide, une sorte de Charron aux allures austères. Un poids, murmuraient certains de leurs conseillers, ce qui amenaient tous les Maldorane, sur le chemin de la folie, et il fallait y résister. Revenir entier. Ne jamais abandonner au néant un peu de soi. Mais être le guide, c’est partager les remords, les errances, et les peines, fragiles, fugaces que conçoivent chaque mortels qui s’en vont à la terre, parfois permettre d’accomplir une toute dernière volonté, ou au contraire avoir la cruauté de la frustrer, et de forcer l’envol. Ce pouvoir de guide s’oppose directement à l’art de la Nécromancie, et plus Aaron y excelle, plus il a la capacité de tirer du néant l’étincelle qui fera d’un vestige un vaisseau ployé tout contre sa volonté, moins il est capable de guider les égarés.

La voix du sang. Commerce qui valut aux Maldorane de conserver leur pouvoir relatif sur les Catacombes. Ils prédisaient la mort ou la vie, le bonheur ou l’infamie. Ils ont su arranger la réalité qui se planquait sous l’hémoglobine, histoire de se hisser aux positions politiques avantageuses dans chaque conflit que traversa le monde, et d’acquérir ce respect que l’on continue de leur vouer. Ils savent, quand les autres ignorent tout de ce qui pourrait arriver, et les bribes qu’ils recueillent servent autant leurs desseins que ceux qui viennent quémander leur secours. Aaron n’est pas différent, sous son regard noir s’ébattent les images qu’il arrache aux destinées et il les déforme souvent pour conserver un relatif avantage sur ceux qui viennent quémander son aide. La seule ligne de vie qui lui demeure floue est la sienne, et il ne sait s’il s’agit là d’une malédiction inscrite dans son sang ou bien une sorte d’interdit qu’il ne parvient pas à franchir.

L’appel des morts. Les guider était le premier pas à dessiner, mais il fallait parfois rapter les fantômes pour les faire parler. Quand une âme est arrachée dans la violence au creux des méandres des catacombes, Aaron est mandé pour rappeler la victime afin qu’elle puisse témoigner. C’est un tout autre dialogue que la voix du sang, c’est créer du sens au milieu de sentiments contraires, comprendre les raisons ou les divagations des âmes morcelées. Dès l’adolescence, alors qu’il lui était fort difficile de se lier à quiconque, Aaron s’est permis de rappeler ainsi sa plus proche amie, la conservant captive d’un monde auquel elle n’appartenait pas, un travers qu’il a eu bien du mal à entraver, et qui lui valut un très dur châtiment de la part d’Horatio. Aujourd’hui encore, c’est un pouvoir tentateur, dont il se méfie, pouvoir empoisonné qui empêche de faire son deuil, et auquel il a encore cédé, lorsque sa mère a excavé sous tout dernier souffle. Voir sa peine, et la ressentir lorsqu’il la rappela fit qu’il renonça peu à peu à cultiver chez lui ce don impie. Il ne convoque aujourd’hui les fantômes qu’avec détestation.

Energy blast. Chaque pièce du palais souterrain des nécromanciens se souvient d’avoir tremblé, sous la colère de l’héritier, quand la jeunesse la rendait irrépressible et implacable. Le pouvoir d’Energy blast s’est révélé à lui en même temps que fut entaché pour la première fois et ce très profondément son orgueil. L’appétence pour ce pouvoir fut telle qu’on le cloîtra des heures durant dans le noir le plus total, pour qu’il puisse appréhender l’émotion et la canaliser parfaitement. Des années à oublier que la colère est une conseillère par trop avide, des années à comprendre sa tessiture, et en retenir chaque note pour que l’énergie manipulée tout au creux de ses paumes soit un faisceau parfait, prompt à tuer, ou à infiltrer les songes et les idées, et les embrumer. Pouvoir enfin voler fut pour lui les prémices de l’appel de liberté. Depuis les catacombes jusqu’aux cieux dégagés, il conçut une envie farouche de s’émanciper, qui le poursuit encore aujourd’hui, malgré l’ensemble de ses responsabilités.

Eliandre le regarde s’avancer, au moment où il lui faut rejoindre la salle du trône. Habits d’ébène et regard sombre, la jeune conseillère appréhende encore difficilement sa présence. Elle ploie la nuque, distinctement, salue sur son passage celui qui règne ici en maître, déployant un charisme notable, si semblable à son père, aujourd’hui rendu si chétif par le poison qui survit dans ses veines. Il tourne la tête vers elle, il ne lui sourit pas mais dans ses yeux elle lit cette force qu’il dégage, ces certitudes qu’il essaye de porter bien haut sur son front. On le murmure austère, mais elle sait, pour avoir échangé avec lui quelques mots seulement, lors de son ton premier jour ici, qu’il n’en est rien, qu’il s’agit là du masque princier que les conseillers qui l’ont éduqué, lui ont appris à revêtir. Elle a été immédiatement touchée par le timbre de sa voix, posé, harmonie de velours qui semble captiver, et appuyer l’accent de sa distinction. Certains semblent nés pour être couronnés, et il est de ceux-là, même si parfois, alors que la froideur envahit ses traits, c’est l’ennui qu’elle distingue, ou peut-être l’envie de s’échapper de la salle assombrie par les conciliabules, et les jeux de pouvoir. Il semble les connaître par coeur mais ne pas y trouver le goût, à moins que ce ne soit que l’amertume qui prédomine. La Sylphe s’est renseignée, et jusqu’à tard le soir, les lueurs des braseros rougeoient sous les hautes portes des appartements du prince, et il ne s’agit pas là de soirées d’agrément. Depuis que le voilà obligé de diriger la cour des Nécromants, il pousse ses conseillers à accepter ses idées ambitieuses et nouvelles, qui les portent à sortir des ombres, et à s’imposer plus avant sur la scène lyonnaise, afin d'acquérir de nouvelles lettres de noblesse. Mais Eliandre en est consciente, ici l’on ne jure que par les très anciennes alliances, et les pouvoirs ancestraux conjugués par le mariage qu’ils ont imaginé. Il a plaisanté quelques secondes seulement à ce sujet, avant de leur fausser compagnie lors du dernier conseil, rappelant que ses devoirs aujourd’hui sont ceux qu'il rend à ses élèves, qu’il veut guider avec acharnement sur la voie ténébreuse de ce pouvoir qui pulse dans ses veines. Il est important de ramener à la cour un sang plus neuf afin de promouvoir cette ambition qui continue d’emporter l’héritier des Maldorane, et certains conseillers plus clairvoyants avec lui. Eliandre en fait partie, et elle poursuivra sa quête avec obligeance. Son regard s’appuie dans le dos de son prince, et elle finit par lui emboîter le pas. Vers un avenir obscur qui l'entête toutefois.

◆ Les ténèbres. Les ténèbres partout, mais que sa perception rend telles un cocon, où le pouvoir gît, prêt à être recueilli. Horatio le lui a expliqué, dès qu’il fut en âge de le comprendre, il règnera ici, et il saura poser les bornes de la vie. Il est nécromancien, nature étrange, contre-nature pourrait-on même dire, mais à la cour, alors que leur royaume s’étend sous la naphte secrète des catacombes, au coeur de la violence qui y transige parfois avec quelques trafics, c’est sa nature à lui, qu’il ne peut discuter, parce qu’elle est, tout simplement et que même lui ne saurait la changer. Il lui faudra se confronter aux murs de l’Institut pour comprendre qu’avec cette nature vient une intime solitude. Les Nécromanciens sont craints, respectés parfois, méprisés bien souvent, parce que l’occulte pulse dans leur sang, et que certains de leurs pouvoirs ressemblent de près aux arts les plus interdits. ◆ C’est lors d’un match de Majsket, c’est parce que son pouvoir d’Energy blast n’est pas suffisamment maîtrisé. L’élève qu’il tente de dominer finit à l’infirmerie, et demeure dans un coma trop long pour que les quelques connaissances qu’il ait pu se faire jusqu’alors ne choisissent de le fuir. Seule Rebecca restera à ses côtés. La solitude est moins pesante, ne reste que la fracture due à son rang, car l’on sait qu’Aaron est l’héritier du royaume souterrain à la ville, et Rebecca craint d’y pénétrer, à la fois pour les crimes qui parfois s’y commettent que parce que c’est un lieu qui lui est interdit. Elle n’appartient pas à leur cour. Le côté romanesque de l’adolescent fait qu’il lui promet que cela changera, quand ils sauront s’unir, et que lorsqu’il deviendra roi, il modifiera ces lois désuètes qui semblent encombrer toutes leurs idées et leurs rêves. ◆ Les rêves se fracassent plus tard, parce que Rebecca est tuée lors d’un rituel d’invocation aux démons. Un ou deux conseillers se sont octroyé le droit de tracter avec les ennemis de leur monde, croyant par là parvenir à étendre le pouvoir du roi des Nécromants, et balayer les institutions des Feys. C’est la jeune femme, qui souhaitant rejoindre le prince se confronte aux jeux de la politique et périt. Et si cette nuit-là les murs ont tremblé, ça n’est pas parce qu’Aaron ne maîtrisait pas son pouvoir, c’est parce qu’il le maîtrisait bien trop. L’on dit qu’il releva les deux conseillers aussitôt, pour en faire ses sbires et les déchaîner contre le démon qui crut que son pacte serait accepté par le Prince. L’on dit que depuis, la malédiction dans le sang des Maldorane s’est réveillée. L’on dit que le Prince a sans doute hésité devant le pacte offert. L’on murmure même qu’il aurait accepté, pour qu’on lui rendit alors sa bien-aimée. Personne ne sait réellement ce qu’Aaron a osé faire cette nuit-là. Mais sa mère se souvient de l’avoir longuement entendu parler dans le noir, dans le dialecte ancien et perdu des Necromants, à cette pauvre fille rendue à l’état de fantôme. Parfois, du coin de l’oeil, Aaron croit qu’elle est encore là, à hanter les catacombes devenues son tombeau. ◆ Ella. Un prénom tout simple et trop solaire pour les souterrains. C’est sa soeur, celle qui lui rend quelque peu son sourire morcelé, celle pour qui il parvient à songer à un avenir moins noir. Celle qui lui rend aujourd’hui encore ce rire, fugace et tout aussi solaire que le sien. Il lui a offert le monde, et il aimerait qu’elle puisse s’y épanouir. Que l’un et l’autre s’arrachent à ce royaume proscrit pour qu’ils s’émancipent enfin du devoir implacable qui les abrutit. Mais rien n’y fait, jamais les conseillers ne leur permettront de s’échapper. Ella est restée derrière lui, quand il a fui pour enseigner à l’Institut. Elle est restée là-bas, pour veiller sur le protocole et leur politique intestine, et qu’aucune faille ne puisse faire de nouveau fleurir les ombres sur le visage froid de son frère. ◆ Horatio est un père, et un mentor, un modèle parfois trop dur, mais un modèle quand même. Aaron le respecte, et tente à tout prix de lui ressembler, tout en plaidant cette cause incertaine qu’est sa liberté. Mais le roi n’entend pas, il veut un héritier et il l’a formé pour lui succéder, et il se dit que les années sauront forger cette ambition maladive qui côtoie leur sang. L’ambition s’excave de l’adolescent devenu homme, il est vrai que pendant quelques années, l’idée de régner ne lui déplaît pas, ou du moins qu’il commence à faire le deuil de ses rêves enterrés avec Rebecca. Seule sa mère comprend encore la mélancolie qui assaille parfois son aîné, mais elle ne sait comment l’apaiser, hormis en lui inculquant cette intelligence, cette distinction, mais aussi le prix des pouvoirs qui sont ceux de sa lignée, le prix de leur transmission. C’est elle qui peu à peu lui donnera l’idée d’un jour enseigner. Mais sa grossesse lui apporte un frère, et aussi un deuil infini, au côté de celui qui déjà a entaché sa jeunesse. Sa mère ne survivra pas à son accouchement. L’idée de la malédiction des Maldorane ressurgit, et il est persuadé d’avoir franchi une frontière ténue et dorénavant immobile, impossible à repousser pour encore l’ignorer. C’est la mort, c’est leur sang, c’est tout ce qu’il transmettra s’il ne peut trouver l’espoir qui lui manque. Et l’espoir semble né avec ce petit frère qu’aussitôt il dédaigne, méprise, abandonne à des conseillers malhabiles plutôt que de lui offrir les soins qu’il eut pour sa soeur. Anton est chétif, apeuré, et Aaron en miroir devient plus dur pour survivre à l’accablement qui semble le poursuivre. ◆ Horatio se meurt aujourd’hui, les années et le poison de la mort semblent se retourner contre lui, ses chairs sont dévorées par la putréfaction lente qui ravage jusqu’à son esprit. Qu’as-tu fait, lui demande-t-il ? Qu’as-tu fait cette nuit-là pour que notre lignée soit aujourd’hui maudite ? Aaron ne lui répondra pas, l’incertitude de son regard quand le démon déploya son pacte devant lui suffit pour le hanter. Ses conseillers lui disent qu’il s’agit d’une légende, que rien ne s’est produit, qu’il suffit de renforcer le sang des Nécromants français avec celui de leurs cousins italiens. Mais le prince n’a que faire de ces arrangements. Empoisonner quelqu’un de plus, maudire cette pauvre fille qu’on lui donnera en pâture ? Il ne préfère pas, et il choisit alors de s’émanciper de leur joug en devenant enseignant à l’Institut, portant alors le nom d'Aaron Wilde, afin d’en apprendre un peu plus sur les pactes démoniaques, et comprendre si la malédiction est réelle ou un pur produit de l’imagination de leurs sujets. Qu’importe en vérité, les ténèbres semblent le poursuivre et il se dit qu’il pourrait enfin les utiliser, en dévoiler les profondeurs à ceux qui naissent avec les mêmes aptitudes que lui. Et anoblir bien plus que par sa factice couronne la nécromancie.