La voiture de ma mère redémarra, avec un dernier signe en guise d'au revoir. Je la regardais partir avec ce pincement au coeur, je n'avais pas vraiment été favorable à l'idée d'intégrer cette école, mais ma mère avait insisté, elle pensait que ça pourrait me faire du bien d'apprendre à ne pas voir tout le monde comme un morceau de viande, avec des gens qualifiés pour ça. Cependant, je n'avais pas vraiment la banane aux lèvres. Je regardais inlassablement ma mère s'éloigner, puis disparaître à la faveur de la distance. J'attendis un moment sur le parvis de l'école, j'hésitais à rentrer, mais si je ne rentrais pas, où irais-je ? Je n'avais pas vraiment le choix et pourtant, mon hésitation fut relativement longue.

Finalement, je poussais la porte d'entrée pour me retrouver dans le hall. Le manoir était grand, d'un luxe qui m'étonnait, moi qui n'avait pas l'habitude d'un tel luxe. C'était sûrement les victimes de ma mère qui lui avaient permis de me payer la scolarisation dans un tel établissement... Si ça lui avait coûté si cher, alors je ferais en sorte de ne pas la décevoir même si, elle me l'avait dit et répété, il fallait que je travaille pour moi, et non pas pour elle. Le fait d'apprendre à ne pas vouloir manger tous les gens que je croise était pour ma sécurité, car des massacres à répétition attireraient forcément l'attention, et pas en bien. J'étais capable de comprendre ça. Mon regard se portait tout autour de moi, des statues et des tableaux, représentants des personnes et si je suivais ma logique, ces gens devaient être importants pour l'école. Mais je n'y connaissais rien... Pour l'instant.  J'aurais sans doute tout le loisir d'en apprendre plus plus tard. Je cherchais alors l'administration, c'était la procédure non ? Puis de toute façon, j'allais avoir besoin d'aide pour m'y retrouver dans un premier temps, le bâtiment était immense ! Il fallait déjà que je la trouve cette administration, bon sang, en plus les gens faisaient des allées et venues, je ne pouvais clairement pas me permettre de suivre quelqu'un, qui sait où ça me mènerait. Je fis quelques pas hésitants.

Finalement, je trouvais un plan du bâtiment, placardé sur un mur. Celui-ci était censé afficher les sorties de secours, mais pouvait également aider à se repérer. Grâce à cela, je parvins à trouver l'administration, vers où je commençais immédiatement à me diriger. Mais une fois arrivée, il fallait encore que je sache à qui parler. Finalement, ce ne fut pas si dur puisqu'on vint directement m'aborder. Une jeune fille, plutôt jolie de surcroît, se présenta comme Rebekha, la présidente des élèves.

- Oui c'est bien moi Cait. Tu tombes à pic en fait, j'étais en train de chercher à qui je devais parler !

Je lâchais un petit rire gêné, je n'étais pas vraiment à l'aise, s'il y avait de l'eau pas loin, je me ferais un plaisir d'aller y nager une fois installée, rien de tel pour se détendre !

Eleanor voulait rendre visite à son amie Mitonne en ce lundi de rentrée. Elle souhaitait savoir si tout allait bien pour elle et si elle avait ce qu'il fallait pour travailler. Elle sortit de son bureau et se dirigea vers la cafétéria. Elle monta les marches qui la menaient directement au premier étage et entra dans l'immense pièce d'où émanait une bonne odeur de chocolat fondant. Eleanor passa la langue sur ses lèvres, alléchée par ce doux fumet. Elle vit ensuite son amie au loin. Elle se rendit auprès d'elle et la salua gentiment. Elle entreprit une longue conversation avec elle lorsqu'une jeune femme vînt chercher un pichet de chocolat chaud et deux tasses. Eleanor la suivit du regard avec un sourire. Elle laissa son amie un instant et se positionna à côté de la table de Bekha et d'une nouvelle venue, une sirène d'après son aura. Bonjour Mademoiselle Kellen, fit-elle en lui tendant sa main puis elle agit de même avec l'autre jeune femme. Bonjour Mademoiselle ...? Bienvenue parmi nous ! Je suis Eleanor Carrey, sous directrice de ces lieux. Vous êtes entre de bonnes mains avec Rebekha, dit-elle avec un grand sourire. Elle inclina la tête comme pour saluer et quitta leur table pour retourner auprès de Mitonne. Là, elle invoqua son mari. Les mets de Mitonne sont vraiment les plus raffinés que j'ai jamais mangé ! Tu te souviens quand on dînait ici en tête à tête ... Awwww, soupira t-elle en le regardant amoureusement. Elle se servit une tasse de chocolat chaud et la but en la dégustant longuement avant de la déposer sur le comptoir. Elle continua sa conversation puis prit congé de son amie avant de retourner dans son bureau. En passant à côté des deux jeunes femmes elle les salua de nouveau avec un mouvement de tête. On va encore avoir du boulot avec tous ces nouveaux venus cette année, fit-elle à son mari avant de disparaître à travers le mur pour retourner dans ses locaux.