Il était une fois un roi nommé Gradlon. Il régnait sur le royaume de Cornouailles et avait établis sa capitale dans la splendide ville d’Ys. Avide de découvrir d’autre terres, il parti un jour en bateau à la découverte du Nord.
Ce royaume était gouverné par un roi impitoyable et odieux nommé Harold. Il avait à ses cotés une femme aussi belle que le jour, étonnante comme le Monde.
Un jour, la reine Malgven et le roi Gradlon se rencontrèrent et ils tombèrent amoureux l’un de l’autres. Afin de prouver son amour, Gradlon tua Harold  et ils se marièrent. Puis, ils reprirent la mer en direction de la Bretagne.
Une nuit, alors qu’une tempête faisait rage depuis déjà plusieurs semaines en mer Baltique, Malgven qui était enceinte se confia à son époux.
« Mon amour, si le vent souffle aussi fort, c’est que je suis une Sylphe. J’ai désobéi en partant avec toi et les miens se vengent en créant cette tempête. Une fois que j’aurai mis au monde notre enfant, je partirai et le ciel se calmera ! »
Submergé par le chagrin, Graddlon finit par accepter de devoir se séparer de sa femme adorée. Malgven mis au monde une petite fille et s’évapora. Puis la tempête cessa brusquement.  

Je pense que vous l’avez deviné. Cette petite fille née en pleine tempête d’un père humain et d’une mère Sylphe, c’est moi.
J’ai grandi dans la ville d’Ys aux cotés de mon père. Bien qu’il y ait beaucoup d’enfants de mon âge dans le château, je préférai la solitude. A peine savais-je marché que déjà, je m’échappai des jupes de ma nourrice pour me réfugier devant l’océan. Je trouvais en la mer un réconfort. Le bruit des vagues était comme une berceuse pour moi.
Alors que j’avais quatre ans, mon premier pouvoir arriva : L’aerokynésie.  Ne sachant pas ce qu’il m’arrivait, je fus complètement paniquée. Craignant qu’il m’arrive quelque chose et que mon père adoré prenne peur de moi, je m’enfuyais. Haute comme trois pommes, je parvins à atteindre les écuries et je volais un petit poney.
Les hommes de mon père me retrouvèrent dans celle qu’on appelle aujourd’hui Quimper. Affolé à l’idée que j’ai eu si peur de mes pouvoirs, mon père engagea un professeur. Un vieillard unijambiste et aveugle. Il était  humain, mais il connaissait la magie mieux que quiconque dans le royaume. Grâce à lui, je parvins à contrôler mon aerokynésie, puis la lévitation. Je découvris ensuite mes autres pouvoirs : la manipulation des ombres et l’électrokinésie.
En dehors de mes cours, je menais une vie d’enfant gâtée. Je voulais un bateau ? Mon père ordonnait à ce qu’on me fabrique le plus beau du royaume. Je voulais un dauphin pour nager avec moi ? Mon père organisait une expédition pour qu’on m’en ramène un. Je voulais une nouvelle robe ? Toutes les couturières du royaume se disputaient pour me la coudre.

Les années passaient et chacune de mes exigences continuaient à être exaucées. Si un homme me plaisait à peu près, il finissait dans mon lit dans la soirée. Si une personne me déplaisait, elle finissait exécutée sur la place publique.

Un soir, alors que je me promenais avec ma dame de compagnie sur un chemin longeant la mer, un homme vint à ma rencontre. Il avait les cheveux noirs du jais, un regard bleu gris très profond et un sourire d’ange. Séduite par sa beauté, je me présentai à lui et le priais de me rejoindre dans ma chambre.
Nous passâmes une nuit merveilleuse mais lorsque je me réveillai, l’homme avait disparu. Mais ce n’était pas la seule chose qui avait disparue.
La ville d’Ys étant proche de la mer, mon père avait fait construire une immense digue pour protéger son royaume. Seule une clé pouvait ouvrir les portes de la digue pour que la ville soit submergée. Afin de me prouver la foi qu’il avait en moi, mon père m’avait offert cette clé qui ne quittait jamais mon cou. Et là, elle avait disparue.
A peine m’étais je rendue compte de son absence, que déjà, j’entendais des cris d’horreur dans la ville. Accourant à ma fenêtre, je vis la population crier au diable, appeler à l’aide. Ils étaient tous poursuivis par celle que j’aimais tant et qui m’avait vu naitre : la mer. Tel un cheval au grand galop elle prenait le contrôle de la ville. Les unes après les autres, les maisons étaient engloutie.
Du haut de donjon du château royal, je hurlais à l’aide. J’appelais mon père pour qu’il sauve la ville. Mais je n’obtins aucune réponse et l’eau continua à monter.
Assise sur mon lit, je voyais l’eau arriver dans ma chambre à coucher. Priant tous les dieux pour qu’ils me sortent de là,  je ressentis pour la première fois ce sentiment si désagréable. La peur.  Oui, j’avais peur de ce qui allait m’arriver. Peur de ce que ma ville était en train de devenir.
Alors, j’utilisais mon pouvoir de téléportation et j’attirai en haut d’une falaise. Là, l’homme qui avait volé mes clefs vint me retrouver. Son air angélique avait fait place à un sourire diabolique. Il me força à regarder mon peuple se faire engloutir puis il m’agrippa par les bras et me téléporta dans un autre lieu.
C’était une salle sombre, haute de plafond. Les murs de pierre étaient recouverts d’une végétation qui semblait morte depuis des siècles et une odeur de moisie parfumait la salle. Mon kidnappeur s’adressa enfin à moi.
« Bienvenue dans l’un des QG des démons ma belle ! Ce sera ta nouvelle maison à présent.
_ Mais je…Pourquoi m’avoir enlevée ? Qu’est ce que je fais ici ? Pourquoi avoir détruit ma ville ? Qui êtes-vous ? Tant de questions emplissaient ma tête. Je n’avais qu’un seul désir : me réveiller afin de me rendre compte que tout ceci n’était qu’un cauchemar.
« Eh bien…que sais tu de ta mère ? me demanda-t-il.
_ Elle est morte dans la tempête qui m’a vu naitre, répondis-je toute tremblante. »
Le démon vint poser ses lèvres contre mon oreille.
« Ta cher maman n’est pas morte. »
A la vue de mon regard complètement étonné, il poussa un grand cri de joie qui me glaça le sang.
« Il y a fort longtemps, elle nous a fait une promesse. Cette promesse c’était qu’elle nous donnerait son premier né en esclavage pour que nous laissions le royaume du Nord en paix quelques années. Nous avons accepté son marché. Mais elle l’a rompu en vous quittant, toi et ton père. A présent, nous t’avons retrouvé. Nous avons retrouvé notre dut. »
Après cet entretien, je fus enfermée dans une grotte humide et frigorifique. Je tentais à de nombreuses de reprise de m’échapper par de la téléportation. Mais un sortilège entourait ma prison et m’empêchais de la quitter.  Chaque jour, je marquais un trait sur le mur afin de mesurer le temps. Puis, je ne le fis que toutes les semaines. Bientôt, les semaines se transformèrent en mois, puis en année et en décennies.
Cela faisait près de mille ans que j’étais enfermée, sans voir une seule personne et l’idée même de revoir un jour la mer m’avait quittée. Mais un matin, un démon arriva dans ma cellule et me raconta que j’avais été enlevée par des sylphes et qu’il était venu me libérer. Ne me demandez pas pourquoi, mais je le cru. En quelques semaines, je rejoignais leurs rangs pour semer la terreur chez leurs ennemis.
Si jadis, on avait exécuté tout ce que j’ordonnai. Là, j’exécutais tout ce qu’on m’ordonnait. J’enlevais, je martyrisais, je torturai, je tuais…Cela dura cinq siècles.
Puis, sans avoir annoncé son retour, ma conscience décida de rejoindre mon corps.  Je compris alors qui j’étais et ce que j’avais fais. Après bien des embuches, je parvins à m’échapper de la surveillance des démons. Lors de ma fugue, j’appris l’existence d’un institut qui rassemblait des personnes ayant des pouvoirs et chassant les démons. Persuadée qu’ils seraient les seuls à pouvoir me venir en aide, je partais à leur rencontre.
C’est ainsi que je me suis retrouvée là, aux portes de l’institut Chevalier.