Rancunière et mélancolique sont les principaux traits qui dominent Blanche. Ayant grandi aux côtés de sa grand-mère Viviane, une femme rongée par la rancune, la rouquine développe de son côté également cet état d'esprit. Les évènements qui ont régit sa vie et l'ont conduite jusqu'à la femme qu'elle est aujourd'hui, n'ont rien fait pour aider à apaiser sa haine envers ceux qui ont détruit son univers tout entier et dont elle est prête à tout pour les voir tomber. Dans un second temps, la mélancolie. Blanche est une femme triste et blessée, mais les années passant la haine et la colère prennent le pas afin de dissimuler cette tristesse infinie qui sommeille en elle.
Autodidacte, la Dame Blanche, seule depuis ses douze ans a dût apprendre à dompter et comprendre ses facultés seules, bien que Viviane est entamé son initiation au moment où les dons de Blanche sont apparu, les quelques siècles de solitude à errer dans les ruines de la cité d'Avalon auront eu fort de voir ses capacités se développer jusqu'à une maîtrise quasi parfaite de ses pouvoirs, ayant pour handicape principale son incapacité partielle à gérer son état émotionnelle qui parfois l'empêche de contrôler ses pulsions magiques.
Solitaire, Blanche n'a fréquenté que peu de personnes sur sa route, ainsi lorsqu'elle le fît, ce fût par obligation afin de s'aider elle-même plus que les autres.
Têtue et obstinée, elle a, depuis sa chute à la cour anglaise, pour seul et unique objectif de renverser sa mère et son oncle et de les détruire, dans l'espoir d'apaiser ses souffrances et rendre justice à Viviane dont le manque, aujourd'hui encore, hante son âme blessée.
Ruines d'Avalon - 1507
« Blanche... Blanche... Concentre toi, tu vois ce miroir, va au-delà des apparences, au-delà de ton reflet, efface-toi, efface-le, c'est là la clé... »La voix de Viviane résonnait encore dans son esprit, chaque jour qu'elle eut passé au cœur des Ruines de ce qui fût la belle et puissante cité d'Avalon, son esprit fût inlassablement hanté, martelé par le souvenir de sa défunte grand-mère, son mentor, qui n'eut le temps de clore son éducation. Les siècles eurent passé sans que sa peine et son incommensurable chagrin soient apaisés.
Triste et amère, elle errait au travers des décombres de la cité perdue.
Couverte d'un linge blanc en lambeaux qui semblait avoir grandi en même temps qu'elle, Blanche paraissait flotter dans l'épaisse brume qui s'était depuis emparée du royaume d'Avalon qu'elle n'eut jamais la force de quitter. Ses yeux bleus plongés dans le vide, absents d'émotions, elle avançait d'un pas léger les songes emplit d'une douleur qui malgré les huit cent quatre-vingt-sept années écoulées, jamais ne l'avait quittée.
Un silence pesant l'entourait, pas l'ombre d'un être vivant à l'horizon, les seuls sons que l'on pouvait entendre parfois résidaient en ces quelques roches qui parfois s'écroulaient s'entrechoquant dans un lourd vacarme mêlé aux pleurs déchirants de la jeune femme.
Flânant autour du lac Blanche espérait secrètement que celle qu'elle appelait en son for intérieur puisse un jour refaire surface, en vain.
Le regard inexpressif, elle fixait son reflet dans le miroir de l'eau immobile. Découvrant l'image de cette femme blessée qu'elle était devenue Blanche revoyait le visage de la personne responsable de son désarroi, sa propre mère : Guenièvre; elle qui eut, épaulée par Merlin, détruit tout sur son passage sans une once d'égard pour les habitants d'Avalon. Cette diablesse au sang démoniaque dont Viviane l'avait sauvée en l'arrachant à ses griffes peu de jours après sa naissance.
Elle pensait au souvenir de son père, Lancelot qu'elle eut écrasé sur son passage, comme tout le reste. Se laissant remplir par la colère à mesure que la scène effroyable de la destruction d'Avalon repassait dans sa tête, elle fixait son reflet sur le lac.
Viviane n'eut que trop peu de temps pour enseigner Blanche qui lors de sa disparition n'était âgée que de douze ans, ses pouvoirs se déclarant à peine, c'est ainsi qu'elles n'eurent que de brefs échanges en guise de conseils, qui restèrent ainsi gravés dans sa mémoire.
« Efface toi, c'est là la clé...»Émanant un nouveau cri déchirant de douleur qui résonnait aux quatre coins de la cité, comme absorbée par l'eau plane, elle disparaît.
Blickling Hall, Angleterre - 1507
Les cris d'un nouveau-né bondissant autour d'elle, la vision brouillée par le choc du voyage, Blanche récupère ses esprits lorsqu'elle réalise avoir quitté Avalon découvrant la scène autour d'elle au travers d'un miroir dont elle semble avoir pris possession. Dans un premier temps effrayée, elle reprend son souffle observant l'action devant elle, une mère vient de mettre au monde une petite fille : Anne Boleyn.
Silencieuse, invisible pour les protagonistes de l'autre côté du miroir, elle se surprend à esquisser un sourire devant l'arrivée au monde de la petite fille pour qui elle se prend d'une affection immédiate et inexplicable.
Plusieurs années passent et Blanche ne quitte jamais le regard du quotidien d'Anne qui grandit et évolue dans le monde humain. Vivant à travers les actions menées par la demoiselle Blanche s'y perd, à mesure que les mois s'écoulent elle se sent intimement liée et concernée par la jeune fille jusqu'à finalement prendre possession de son esprit qu'elle parvient de façon incontrôlée et incontrôlable à intervertir avec le sien dés lorsqu’Anne atteint l'adolescence.
L'âme d'Anne échangée contre la sienne, la jeune Boleyn est alors prisonnière du miroir tandis que Blanche lui vole sa vie.
Winchester, Angleterre - 1522
Blanche qui répond au nom d'Anne Boleyn environne les quinze, seize ans lorsqu'elle quitte la France qu'elle a occupée quelques années durant après que son père l'y ait envoyé dans le but d'être éduquée à la cour du roi François Ier.
L'envie de pouvoir et de contrôle grandissant de Blanche prenant le pas sur le devenir d'Anne Boleyn, la jeune femme rejoint la cour d'Henry VIII avec pour unique but celui de séduire le souverain et arracher le trône à Catherine d'Aragon.
Consciente de ses facultés et de ses pouvoirs qu'elle développe au travers de l'enveloppe charnelle de la jeune Boleyn, Blanche ne met que très peu de temps pour se créer une place de choix dans les courtisanes du roi avant d'enfin parvenir à le faire tomber sous son emprise, usant de ses dons de télépathie elle parvient à hanter l'esprit d'Henry qui n'a alors d'yeux que pour Anne, qu'il épousera après avoir rompu toute relation politique avec le Vatican, et ce toujours sous l'emprise maléfique de Blanche qui n'a qu'une idée en tête : accomplir le travail inachevé de sa grand-mère Viviane et dominer le monde.
Cependant, très vite, les désirs profonds du roi d'avoir un héritier mâle prennent malgré elle le dessus, la plongeant dans une détresse totale de laquelle elle ne parvient pas à sortir.
Anne Boleyn couronnée en Juin 1533 Reine consort d'Angleterre, donnera alors naissance à Elizabeth Ière en septembre 1533. Henry, déçu de se voir père d'une petite fille, le charme de Blanche qui jusque-là opérait est en parti brisé, très vite les événements s'enchaînent et malgré toute la force et l'acharnement que Blanche met dans l'idée donner naissance à un petit garçon au travers d'Anne, elle n'y parvient pas et perd la confiance du souverain sur qui l'emprise n'a plus aucun effet.
Désemparée, le vent prenant une direction inverse, Blanche perd petit à petit la raison, tenant de rallier plusieurs hommes influents à sa cause elle est finalement soupçonnée d'adultère et de trahison envers le roi bien qu'elle soit prétendument de nouveau enceinte.
Malheureusement, au début de l'été 1935, la rumeur avérée dont la Reine a perdu l'enfant se répand.
À court de moyens pour éviter de tomber en disgrâce, Blanche se tourne une nouvelle fois vers les sortilèges, retrouvant le miroir bien gardé dans lequel elle eut quelques années plus tôt fait prisonnière la légitime Anne Boleyn, elle tente d'inverser la situation, en vain. Victime de ses émotions Blanche ne parvient pas à libérer l'âme de la jeune femme ni même à franchir elle-même le miroir.
Ce n'est que quelques mois plus tard, en février 1536 qu'une étrange femme répondant au nom d'Helga prend contacte avec elle l'informant de son exécution à venir.
Démunie, Blanche, consciente du danger dans lequel elle se trouve, prend en considération les déclarations de l'étrangère qui au demeurant lui semble convaincante en raison des arguments qu'elle parvient à lui présenter. Incapable de retrouver la pleine possession de ses facultés, la Reine sollicite alors le soutien et l'aide de la médium qui lui présente une jeune femme dénommée Liriä dont elle affirme qu'elle est la seule personne capable de la délivrer du corps d'Anne Boleyn et d'inverser le sort.
Les événements s'accélèrent au sein de la cour d'Henry VIII et les accusations contre Anne Boleyn ne sont plus des rumeurs ou des suppositions. Le 2 mai 1536, Anne est arrêtée sur le coup de midi et amenée à la tour de Londres, dans laquelle elle sera tenue captive jusqu'à son jugement la 15 Mai 1536. Son exécution est annoncée en date du 17 Mai 1536.
Elle demande dés lorsqu'on lui fasse parvenir quelques effets personnels jusqu'à la tour et qu'on lui permette la visite de certains membres de sa famille ainsi que Liriä qu'elle déclarera comme l'une de ses dames d'honneur.
Jouissant de ces derniers privilèges de Reine d'Angleterre, Blanche obtient l'avale du roi, c'est ainsi que le miroir fût donc déplacé dans la tour où Anne Boleyn vécu ses derniers instants.
Personne à ce jour ne peut témoigner de l'échange qui eu lieu entre Liriä et Blanche les quelques heures qui précédèrent l’exécution.
17 Mai 1536, Tour de Londres
Peu certaine de la véracité des propos et de la magie de Liriä, Blanche est conduite jusqu'à l'enceinte de la tour où est prévu son exécution devant la foule enragée constituée de ses ô combien, nombreux opposants.
Vêtue d'une longue robe grise en fil de soie, les épaules recouvertes d'une petite cape de velours rouge ornée de fourrure, elle s'avance jusqu'à l’échafaud persuadée de connaître ses derniers instants de vie, à genoux, trois des dames d'honneur de la Reine la débarrasse de sa coiffe et bander ses yeux avant de se retirer.
Les lourds pas du bourreau s'avancent jusqu'à elle, l'acier de l'épée aiguisée criant au moment de quitter son fourreau, quand soudain un vacarme sourd vint s'emparer d'elle.
Dans un tourbillon d'éclairs et de fumée, elle sentit son corps se démembrer, sa gorge stranguler, le souffle coupée, incapable de se débattre ou d'émettre le moindre son, quelques secondes qui lui semblaient une éternité qui prirent fin en éclats de verre, comme un miroir que l'on aurait brisé.
Lac Windermere, Angleterre, 1536
L'eau du lac était calme, plane, lorsque soudain des vibrations vinrent perturber la sérénité de l'étendue, la terre s'était mise à trembler en silence, lorsqu'enfin jailli une jeune femme à la chevelure rousse flamboyante : Blanche était revenue.
À bout de souffle, elle rejoint la rive à la nage, se hissant sur les bords boueux du lac dans lesquels sa longue robe en lambeaux maculée vint traîner derrière elle la ralentissant et l'encombrant dans ses pas incertains. Enfin sur la terre ferme elle s'écroulait de tout son long le cœur battant la chamade. Le charme de Liriä eut opéré, elle était vivante et parvenue à retrouver son enveloppe charnelle.
Paupières fermées, éprouvée, Blanche appréciait le silence et le réconfort d'être en vie loin des méandres de la cour royale. Mais le repos fut de courte durée, un bourdonnement vient s'emparer de son esprit, elle ouvre les yeux, se redresse, le sol semble bouger sous ses pieds, elle panique.
Un peu plus loin, la jeune femme de blanc vêtue observe une silhouette vers laquelle elle se dirige, un petit garçon sur la rive opposée. Elle s'arrête en face de lui, le fixe de son regard vide, il redresse la tête et l'aperçoit lorsqu'il glisse dans l'eau d'un pas maladroit. Blanche tente de venir à son secours lorsqu'une force étrange la fige sur place, incapable d'agir physiquement ou mentalement, elle reste plantée là, assistant à la noyade du petit garçon.
Lorsqu'enfin le petit être fut privé de vie, la Dame Blanche reprend possession de son corps.
Ruines d'Avalon, 2019
Des années durant, après la chute d'Anne Boleyn, Blanche eut parcouru le globe dans l'espoir de retrouver Avalon et s'y cacher afin de se protéger du reste du monde, en vain. Les Ruines de la belle cité semblaient avoir quitté la sphère, ce n'est qu'après plusieurs siècles que la Dame Blanche sentit l'appel d'Avalon et y fût conduite inopinément à travers un voyage depuis la Tamise. Lorsqu'elle apparut à travers le lac qui lui eut servi de portail entre les deux monde en 1507, rien autour d'elle ne semblait différent, rien n'eut changé, l'atmosphère, les roches effondrées, la brume, tout était là, laissant le souvenir de l'effroyable bataille intacte.
Pourquoi Avalon l'avait-elle appelée ? Pourquoi Avalon était réapparu après tant d'années ? Des questions sans réponses, mais une peine toujours aussi présente et grandissante à mesure qu'elle traquait sans relâche la trace des derniers membres de sa famille afin de les soumettre à la justice qu'ils méritaient.
Elle avançait, planant dans les airs embrumés de la vallée, prête à repartir vers l'autre monde lorsqu'un objet brillant enfoui entre les roches vint se refléter dans la faible lumière du soleil. Une vieille coupe dorée, sans doute l'un des derniers souvenirs physique de la cité qui n'avait pas pérît et brûlé dans les flammes de la cruauté. Elle l'emporta avec elle en guise de dernière mémoire d'Avalon, un objet simple, une petite babiole qu'elle protégerait sans relâche, le seul élément physique qui la rattachait à son passé aujourd'hui lointain.
Moonlacre - De nos jours
Les années passèrent depuis les événements subits à la cour d'Angleterre et le quotidien de Blanche n'en fût pas pour autant plus serein. Obsédée par la soif de vengeance, prête à retrouver sa mère ainsi que Merlin son oncle, afin de venger Viviane et la cité d'Avalon, Blanche parcours les quatre coins du monde en vain jusqu'à enfin être informée de leur présence à Moonlacre.
Au sein même de la communauté, tous deux investis personnellement dans l'institut Chevalier. Son oncle portant toujours le même prénom tandis que sa mère eut échangé Guenièvre contre Sofia, mais cela ne suffit pas pour faire oublier à Blanche les actes abominables dont elle fût l'auteure. Informée de leur présence à tous deux ici même depuis quelques siècles, il faudra un temps considérable à Blanche pour décider de se rendre sur les lieux afin d'entreprendre d'agir.
Installée non loin de l'école, Blanche de part sa faculté de voyager à travers l'eau et les miroirs garde un œil sur ses proies, prête à en découdre peu importe le prix. Pour autant elle ne s'est toujours pas manifestée auprès d'eux, s'interrogeant sur la possibilité ou non de rallier d'autres personnes à sa cause ou bien d'agir seule.
Mais il semblerait qu'elle soit loin du compte sur le statut démoniaque de sa mère, certains prêtent à dire qu'elle serait la réincarnation du mal en personne : Lilith...