Metallokinésie
Pyrokinésie
Télépathie
Magie des dieux oubliés
Marque des mille vies
Ce don me vient de ma mère. Il me permet, lorsque mon sang coule en dehors de mon corps d'obtenir des capacités spéciales : super vitesse, yeux qui luisent dans le noir, quasi invincibilité. C'est ce qui m'a sauvé la vie, mais c'est aussi ce qui me tuera : à chaque fois que j'utilise volontairement ou non ce don, une marque rouge se répand dans mon dos, depuis le bas des hanches. Lorsque cette marque de sang atteindra mon coeur, il s'arrêtera de battre définitivement.


Télékinésie | Présence: 99% | Contrôle : Très bon
Linguisme | Présence: 2% | Contrôle :  Nul
Apprentissage accéléré | Présence: 50% | Contrôle : Moyen
Résistance | Présence: 90% | Contrôle : Moyen
Perception | Présence: 20% | Contrôle :  Moyen
Vision améliorée | Présence: 75% | Contrôle : Bon
Empathie | Présence:40% | Contrôle : Moyen

Mina est une jeune fille discrète, souvent en retrait qui aime à se mêler dans les foules pour se sentir minuscule et oublier ce jour noir de son passé. Elle ne quitte quasiment jamais ses écouteurs de musique, qui est toujours beaucoup trop forte. Elle adore danser, bien qu'une lueur sombre de tristesse ne quitte jamais son regard. Elle ne supporte pas la solitude. Son élément naturel, l'eau, est le seul endroit où elle s'autorise à relâcher la pression et les barrières qu'elle met entre elle et le reste du monde. Les larmes qu'elle retient en permanence ne coulent que lorsqu'elle est dans la piscine ou sous la douche, afin de se confondre avec l'eau qui ruisselle sur son corps. Après ce qu'elle a vécu aux USA, elle a du mal à se lier réellement avec les gens, mais elle arrive à faire semblant la plupart du temps. Elle est très forte, sous ses apparences de jeune fille fragile et réservée.
Depuis quelques mois, elle s'ouvre enfin aux gens. Elle tente petit à petit de s'ouvrir réellement. Elle tente de contrôler ce qu'elle n'arrivait pas à contrôler auparavant. Et, maintenant... Maintenant elle est déterminée à prendre son destin en mains et à faire en sorte que le monde lui appartienne. Elle ne veux plus être la soeur qui reste coincée en arrière et qui tente désespérément d'avancer. Pourtant.. Pourtant elle a du chemin à faire...  

Il était une fois. C’est comme ça que mon histoire aurait du commencer. Par une vie heureuse. Mais, dans le livre qui se trouve sur ma table de chevet, il y a … Il y a un chapitre entier sur ma famille. Sur la façon dont ma lignée a été créée. Parce que… Parce qu’il n’est pas d’histoire heureuse dans ce monde. Je suis née du sang et des larmes. Je suis née à cause d’une guerre millénaire.

On racontait que la reine de l'air et des ténèbres avait un jour eu besoin d'une garde du corps. Une femme qui lui serait entièrement dévouée, car la guerre qui avait alors lieu entre les deux cours faés mettait sa vie en danger. Le Roi de la lumière et de l'illusion voulait sa tête, et il était prêt à tout pour l'obtenir sur un plateau d'argent. En cette lointaine époque, la Reine avait une tripotée de gardes du corps, toutes féminines, triées sur le volet. L'une d'entre elle était sa cousine préférée, Emalya. Et, c’est à cause d’elle que ma lignée est née. C’est à cause d’elle que tant de gens ont souffert. Cette femme était versée dans l’art de la magie noire. Cette femme était … une adepte d’une magie aussi étrange qu’impossible, et ce fut elle qui trouva le sortilège que Nerel lança sur ma famille. Ce fut elle qui proposa à la Reine un pacte étrange : marquer son corps de la puissance et du savoir de toutes ses compagnes, sacrifiant ainsi leur vie à toutes au profit d'une guerrière absolue. Une guerrière dont la magie serait si puissante que jamais elle ne pourrait être vaincue.

La Reine, avide et désespérée, accepta et le rituel fut accompli par une nuit de pleine lune où Emalya devient son unique garde, porteuse du savoir de toutes ses congénères mortes pour l'occasion dans le sang et la douleur. Mais, rien ne se passait comme prévu car la marque au bas du dos de la jeune femme grandissait à chaque fois qu'elle l'utilisait pour protéger sa Reine, jusqu'à finalement la tuer au bout de quelques mois. A l’instant de  cette mort désastreuse pour la Reine, la fille d'Amalya, alors âgée de huit ans se révéla être son héritière : la marque était apparue sur son dos, et une fièvre délirante la prenait, alors que la marque prenait petit à petit place dans son corps. Alors, elle prit la place de sa mère, combattant chaque jour pour la Reine, mettant à profit le savoir de toute les sacrifiées. Cependant, le pouvoir la consumait elle aussi : la marque grandissait dans son dos, et l’affaiblissait à chaque jour qui passait. Elle continuait à avancer dans la vie, maigre comme un clou, en mangeant pourtant chaque jour des kilos de nourriture. Elle eut une fille, quatre ans plus tard, alors qu'elle était à peine nubile, et qu'elle n'avait jamais eu de relations intimes avec un homme.  Elle mourut quelques mois après l’accouchement. Et, la marque apparut sur le dos de l’enfant à peine née, avec les mêmes symptômes que lorsqu’elle était apparue sur le dos de sa mère.

C’est à peu près à cette époque que la guerre entre les deux cours se termina. L’enfant fut élevée par Nerel en personne, et nommée Syrias, un mot qui dans la langue des Fey signifie Espoir. Dès son plus jeune âge, l’enfant fut entrainée pour apprendre à canaliser les monstrueux effets secondaires de cette magie. Et, de mère en fille, durant dix générations, toutes consumées bien trop tôt, la marque vola, virevolta, se transmettant sans jamais faillir. Et, toutes les femmes, qu’elles aient ou non un homme dans leur vie ont eu un seul enfant. Une seule fille. Toutes, jusqu’à moi. Et, toutes, jusqu’à moi, la marque les transformait, quand le besoin s'en faisait ressentir, en guerrières absolues, capables de détruire une armée entière sous l'appel du Sang. Mais, ce pouvoir était une malédiction absolue pour celle qui le portait. Elle était appelée la 'Dame Mille-Vie', celle qui portait la malédiction des guerrières de la Reine sur sa peau. Celle pour qui le sang avait coulé. Encore et encore.

Mais, revenons-en à moi. A mon histoire. Ma mère avait deux cent ans lorsqu’elle a rencontré mon père. Et, pour lui, elle a combattu Nerel et elle a gagné le droit d’aller vivre avec lui, dans le monde humain. Dans ce monde qu’il avait choisi. Ils se sont installés à Chicago, se sont mariés… Papa était… c’était un sang mêlé. Mon arrière-grand-père était un Aspect. Mon grand-père était un Fey, qui a été découvert par ceux du petit village turc dans lequel il vivait. Là-bas, les mentalités sont différentes, et mon grand-père l’avait compris. Âgé de quarante ans, il a décidé quelques jours avant d’être capturé d’envoyer ma grand-mère, mon père alors âgé de dix ans et sa sœur de six ans le plus loin possible. Ma grand-mère et mon père se sont donc retrouvés à Paris, puis ils ont pris un bateau pour les états Unis. Et, vingt ans plus tard, il a rencontré ma mère. C'était une femme forte, magnifique et aimante. Son coeur tout entier était tourné vers sa famille. Sa grossesse… Oh, combien de fois m’a-t-elle répété que c’était la plus belle chose qui lui soit arrivée ? La plus belle chose, mais en même temps la pire car… J’ai hérité de sa marque. Le jour de sa mort. Mais, nous n’en sommes pas encore là.

Mon père avait une sœur dont il était très proche. Mais, je ne l’ai jamais connue. Elle est morte en donnant naissance à sa fille… Ma cousine, avec qui j’ai grandi. Elle est née le même jour que moi, vous savez. Et, papa l’a prise sous son aile et nous a élevées comme des jumelles. Nous sommes nées un quinze février. Le lendemain même de la Saint Valentin. C’était… C’était le plus beau jour de la vie de ma mère. Jusqu’à ce qu’une infirmière arrive, paniquée, pour leur annoncer que tante Lisa était elle aussi dans l’hôpital avec un mois et demi d’avance. Une dizaine de minutes plus tard, tante Lisa était morte. Elle avait rejoint son mari, un soldat partit quelques semaines plus tôt lors d’une mission à l’autre bout du golfe. Il n’y avait plus que mon père pour s’occuper du bébé, d’Alyona.

)Il a appris à utiliser ses dons sur le vif, et il n'a jamais été très doué. Mais, pour nous ses filles, il a accepté l’impensable : il a accepté d’écouter ma mère, et de nous envoyer, dès l’âge de six ans, dès que nos pouvoirs ont commencé à arriver dans nos vies. Pour moi, ça avait la télékinésie, presque en même temps que l’hydrokinésie. J’ai fait voler des objets, exploser des conduits. Et, pendant ce temps là, Lily apprenait les pire secrets de nos camarades de classe. C’est pour ça qu’on a pris l’avion. Quitté Chicago. Découvert l’Institut. Lily est devenue populaire. Et, moi… Moi je suis restée dans mon coin. Dans son ombre. Je l’ai toujours laissée briller.

Mais, ce n'est pas ça, mon histoire. Mon histoire a réellement commencé le 21 décembre 2012. Ma soeur et moi avions quitté la France, où nous étudions dans cette école unique et spéciale pour ceux qui, comme nous, ne sont pas totalement humains. Depuis toutes petites, on voulait passer Noël à New York, faire de la patinoire sous le grand sapin, voir Broadway sous la neige... Et cette année, nos parents avaient enfin accepté qu’on se retrouve là-bas. On était parties tôt, avant le grand bal de Noël, organisé tous les ans dans l’Institut. Enjouées. Heureuses. Souriantes.

On avait atterrit depuis à peine quelques heures quand tout a commencé. Les hordes de démons ont déferlé sur nous. Les communications ont été coupées. J’étais avec ma mère. J’étais devant un magasin, en train d’attendre que Lily en sorte avec mon cadeau de Noël. Parce qu’elle ne voulait pas que je le vois. Et, un démon a tourné au coin de la rue. Puis un autre. Moi… Moi j’étais penchée sur mon téléphone, a essayer d’envoyer un SMS à Ethan, en pestant contre les communications. J’ai senti une main sur mon bras. La main d’Alyona sur mon bras. Un toucher plein de terreur, qui m’a tirée de mon téléphone. Ma mère a sorti un canif et m'a regardée avant de se trancher la veine du bras gauche. Son sang s'est mis à couler, et son regard est devenu rouge, lentement. Très lentement. Cette unique scène a duré pour moi des heures. Elle m'a murmuré d'emmener les autres le plus loin possible, mais mes jambes ont refusé de bouger. Ma sœur et mon père se sont enfuit en courant. Ils m'ont crié de venir avec eux, mais je n'ai pas pu. J'ai regardé ma mère sacrifier sa vie pour sauver la mienne comme si j'étais une poupée de cire, jusqu'à ce que quelqu'un m'attrape par les épaules et me tire en arrière. Ma mère venait de tomber sur le sol, le corps déchiqueté en deux par la faux d'une de ces créatures.
J'ai couru. Loin. Vite. Trébuché à de nombreuses reprises sur le sol, la main toujours dans celle de mon sauveur sans visage. Je serais aujourd'hui incapable de dire s'il était humain, faé ou même si c'était un Aspect. Il m'a emmenée au port, là où étaient regroupés les autres humains. Un minuscule groupe de survivants qui était embarqué dans des navires, entassés. C'est là que j'ai vu mon père pour la dernière fois. Il était allongé sur le sol, avec dans la main le blouson de ma sœur, d’où dépassait une écharpe noire. Une écharpe que je ne lui connaissais pas. Mon cadeau de Noël ?

J’ai repoussé le bras de l’inconnu, et j’ai saisi cette écharpe, mon regard plongé dans celui de mon père. Sa gorge était tranchée. Pourquoi ? Comment ? Je n'étais même pas capable de pleurer. J'étais incapable de savoir quoi faire. On m'a faite embarquer, comme si j'étais une poupée. On m'a mise dans un coin, et tout le temps qu'a duré cette fuite vers l'Europe, je n'ai pas bougé. J’avais chaud. Je brûlais de l’intérieur. Je ne le savais pas encore, mais… Mais j’étais en train de devenir cette dame Mille-vie. Cette femme dont la vie était désormais vouée à la protection de Nerel.

Je le refusais totalement. Je le refusais de chaque parcelle de ma vie. Nous avons accosté à Londres. Je ne parlais pas. Je restais dans le bateau, incapable de dire un mot. La seule personne à réussir à me sortir de ma torpeur a été un homme que je ne connaissais pas. Il m’a forcé à parler. Il m’a fait tout lui raconter. Comment ? Je n’en ai aucune idée. Et, il m’a conduite à Sofia, la fondatrice de l’Institut, qui se trouvait en Angleterre, justement. Elle m'a emmenée à l'école, et m'a dit qu'on allait s'occuper de moi. J'ai vu les docteurs. Parlé aux psychologues. Sourit à mes amis. Mais, quelque part, je le sais par ce lien si spécial qui nous unit Alyona et moi, quelqu'un est en train de torturer et violer ma sœur. Chaque nuit j'ai des flashs de ce qu'elle subit. Chaque jour j'agis comme un robot et je désespère de capter quelque chose qui me permettra d'aller la sauver, peu importe là où elle se trouve.
Je ne vis plus. Je survis.

Et puis, quelque chose a changé. Un rêve m’a conduite à Alyona. On l’a récupérée. Enceinte. Enceinte d’un enfant né quelques minutes après qu’elle ait accepté d’épouser l’amour de sa vie. Un enfant mort né. J’essaie d’être là pour elle, désormais, mais elle me repousse. Quelque part, je veux croire que c’est quelque chose qu’il lui faut traverser seule. Mais… Mais j’ai peur d’accepter que tout ça nous ait trop changé pour qu’on puisse vivre ce lien qui nous unissait jusque là. Alors, je fuis en avant. Je fuis en avant et je me réfugie dans autre chose. Moi qu’on a toujours protégée pour empêcher que le moindre effort ne réussisse à activer cette marque par erreur… Je me suis mise au tir à l’arc. J’apprends. Doucement. J’apprends et j’essaie de faire en sorte que tout aille mieux. J’essaie de prendre mon destin en mains.